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Dans le système éducatif haïtien, le créole est-il une langue étrangère ?

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Dans le système éducatif haïtien, le créole est-il une langue étrangère ?

« La langue française, notre trait d’union pour agir ». Voilà le thème retenu, cette année,  pour la célébration, le 20 mars prochain, de la Journée Internationale de la Francophonie. Le ministère de la Culture et de la Communication (MCC), de concert avec le ministère des Affaires Etrangères et des Cultes (MAEC), a lancé, mercredi 7 mars 2018, les activités de la Quinzaine de la Francophonie, à la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH). Voici donc une entrevue  avec l’un des acteurs ayant participé au lancement de la Quinzaine, l’ambassadeur suisse accrédité en Haïti, Jean-Luc Virchaux . L’interview porte, entre autres, sur la place du créole dans la francophonie.

Toupie/Signal FM : Que reste-t-il de la francophonie, en Haïti?

Jean-Luc Virchaux : Il reste qu’il y a cette cérémonie de lancement de la quinzaine. C’est la première fois que je vois  une volonté aussi ferme du côté du gouvernement haïtien de vouloir lancer cette quinzaine de manière symbolique, et à travers des activités. Je trouve que c’est un bon signe, celui d’une volonté politique d’être plus présent au niveau de l’espace de la francophonie. Qu’est-ce qui reste ? C’est d’abord justement tout le potentiel haïtien de mise en relation sur la langue française. Il y a là un levier impressionnant de valorisation  des  talents haïtiens. C’est un levier, je crois, sur lequel il faut  vraiment s’engager. 

Toupie/Signal FM : Vous parlez de mise en relation ? Pourquoi rit-on toujours de certains parlementaires qui parlent mal le français.

Jean-Luc Virchaux  : C’est sûr que parallèlement il y a tout un système éducatif qui est quand même francophone, et qui n’est pas tout-à-fait maitrisé. Maintenant, je ne sais pas s’il faut se moquer si on m’entend parler le créole. Peut-être qu’on pourra se moquer de moi. Je ne sais pas s’il  faut polémiquer sur des choses comme ça.  Je ne suis pas sûr.  Le français est une langue d’expression. Le créole occupe aujourd’hui des espaces importants.  C’est ce métissage qui est intéressant.  

Toupie/Signal FM : Oui, mais des gens ont peur de parler cette langue. Cela ne constitue-t-il pas une menace  pour l’avenir du français, en Haïti ?

Jean-Luc Virchaux  : Oui, mais qui rit  de ces gens-là. Moi, je pense que l’essentiel c’est d’arriver à exprimer des positions, des visions et des concepts.  Pour la plupart, ils y arrivent. Je ne suis pas sûr que cela soit un terrain de polémique.

Toupie/Signal FM : Cela ne vous ne vous interpelle-t-il jamais, M. l’ambassadeur,  lorsque vous constatez que le français n’est pas enseigné en Haïti comme une langue étrangère ?

Jean-Luc Virchaux  : D’abord, parce que le français n’est pas étranger à Haïti.  Ce serait quand même mal analyser une partie des racines d’Haïti. Qu’on le veuille ou pas, une partie de ses racines sont liées au français. C’est aussi cela, mais ce n’est pas seulement cela.  Donc, Haïti est multiple.  Je crois qu’il faut le valoriser. Pour être franc, cela m’interpelle. Je suis allé dans plusieurs écoles. Vous savez ? Je suis un partisan du développement de la langue maternelle, donc du créole.  Je pense qu’apprendre à lire et à écrire à partir de sa langue maternelle est un levier intéressant qui permet, à mon avis, de mieux rebondir sur l’apprentissage du français.  Bon, ce sont les choix politiques d’Haïti. On a plus le sentiment, par moments, que le créole est une langue étrangère  dans le système éducatif haïtien.

Toupie/Signal FM : Quelle est la place du créole dans la francophonie ? L’académie du créole haïtien ne devrait-elle pas participer à cette cérémonie de la quinzaine de la francophonie ?

Jean-Luc Virchaux  : La place du créole ? C’est celle que les créolisants voudront bien donner dans leur relation avec la francophonie. L’Académie n’est pas victime. Elle doit être proactive par rapport à cela. C’est vrai que le créole trouve aussi énormément ses racines dans le français. A ce niveau-là, il y a des rapprochements qui sont à faire. Je pense qu’il y a à se nourrir mutuellement. Et je crois que c’est ce qui fera que le créole aussi sera valorisé. Je viens d’un pays multilingue. Donc, cette confrontation des langues est une force. Qu’Haïti en tire profit !

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