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Haïti-culture: il a perdu la présidentielle de 1930 parce que les votes ont été achetés

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Haïti-culture: il a perdu la présidentielle de 1930 parce que les votes ont été achetés


Le préjugé de couleur est-il la question sociale? Voilà la question que s’est posé, en 1966, le docteur Jean Price-Mars dans une lettre ouverte adressée au directeur d’alors de l’Ecole normale supérieure, le Dr. René Piquion, suite à un ouvrage écrit par ce dernier. Il s’agit du « Manuel de négritude ». Claude Roumain a présenté, la semaine dernière, aux Editions C3, ce document de 45 pages qui peut être considéré, selon le sociologue, comme le testament politique du Dr. Price-Mars.

Claude Roumain note trois parties dans la lettre. La première concerne ce que Jean Price-Mars appelle l’utilisation arbitraire du vocable de la négritude et l’adaptation doctrinale qu’on en fait.  Dans la deuxième, l’auteur de « Ainsi parla l’oncle » a fait le point sur ses origines sociales et familiales parce que le Dr. René Piquion, dans son « Manuel de négritude », laissait croire que le Dr. Price-Mars serait issu de la masse paysanne. Dans la troisième partie de la lettre, la plus importante selon Claude Roumain, celui dont le nom sonne comme un manifeste (pour répéter le poète et président sénégalais Léopold Sédar Senghor), s’est dit convaincu que c’est dans les origines de la nationalité haïtienne qu’il faut chercher la vraie question sociale en Haïti.Le Dr. René Piquion a expliqué l’échec de la candidature du sénateur Jean Price Mars à l’élection présidentielle de 1930 par le fait que ce dernier ne voulait pas utiliser la question du préjugé de couleur contre ses adversaires pour obtenir non seulement la faveur de la population, mais aussi celle des parlementaires qui devaient voter pour le président, car il s’agissait d’élections indirectes. Jean-Price Mars rectifie.  Il explique qu’il ne pouvait pas faire campagne sur la question coloriste en faisant valoir que Seymour Pradel est un mulâtre, Sténio Vincent n’est pas totalement noir et c’est lui, Jean Price-Mars qui est le vrai noir, le fils authentique de Dessalines. Le docteur Price-Mars déclare avoir perdu la présidentielle de 1930 en raison des forces économiques. Un banquier, confie-t-il, a financé l’achat des votes des parlementaires.

Toutefois, Claude Roumain, qui intervenait dans le cadre de la série de conférences des Editions C3 à l’occasion des trois ans d’existence de l’institution, précise que le docteur Price-Mars a reconnu que la question du préjugé de couleur est une pathologie. Le préjugé de couleur est un phénomène réel, insiste le conférencier ajoutant qu’il est souvent utilisé dans luttes sociales et politiques.

Le préjugé de couleur est-il la question sociale? Selon Claude Roumain, ce n’est pas la question sociale, mais c’est « une question sociale ». Pour le sociologue, l’interrogation de Jean Price-Mars est d’actualité. Il y a une résurgence de la question coloriste, poursuit-il, si l’on se réfère au slogan des deux dernières années (2012-2013) : «  Desalin pral kay Petyon ».

Ecrite en 1966, la lettre a été publiée aux Editions des Antilles, en 1967. Elle constitue les dernières pensées politiques de Jean Price-Mars sur la société haïtienne, déclare M. Roumain rappelant que le médecin est mort de chagrin. Les sbires de François Duvalier appelés « tontons macoutes » ont perquisitionné sa maison, saisi un exemplaire de la lettre et brulé une partie de sa bibliothèque.

Entre le Dr. René Piquion et le Dr. Jean Price-Mars, y avait-il eu des problèmes antérieurement? A l’émission Trait d’union du dimanche 1e juin, Robenson D’Haïti a posé la question au sociologue Claude Roumain. En voici l’extrait :

 

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