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Haïti-Culture: le carnaval, c’est l’opium du peuple

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Haïti-Culture: le carnaval, c’est l’opium du peuple

« En dépensant des millions dans le carnaval, les membres du gouvernement s’achètent la paix pendant un certain temps. Pas de récriminations. Voilà ! C’est tout. Le carnaval est purement politique. Organiser le carnaval, c’est acheter de l’opium pour le peuple afin qu’il puisse rester tranquille  et oublier sa faim », dixit l’ex-ministre de l’économie et des finances, Marie Carmelle Jean-Marie.

Signal FM : Lorsque vous avez été à la tête du ministère de l’Economie et des Finances et qu’on vous a demandé de débloquer des fonds pour l’organisation du carnaval, que vous êtes-vous dit ?

Marie Carmelle Jean-Marie : On ne m’a pas demandé de demander des fonds pour le carnaval. Le ministère de la culture a son enveloppe pour l’organisation de cet évènement culturel. Il envoie sa requête qui est d’abord traitée  au niveau de la direction générale du budget par le contrôle financier. Le contrôleur vérifie que le montant sollicité figure exactement au budget comme crédit pour le carnaval.  Ensuite, il vise et envoie au Trésor qui fait le décaissement.  Mais chaque ministère peut, à l’intérieur de son budget, utiliser une partie pour construire un stand, accorder une subvention. Mais il n’y a pas une ligne carnaval au niveau du budget de la République. En la matière, c’est le ministère de la Culture qui décide. Bien entendu, le comité du carnaval peut solliciter des subventions, à droite et à gauche, du palais national, de la primature, du ministère de l’Economie et des Finances, et également des autres institutions : entreprises publiques ou organismes autonomes (ONA, OAVCT ou AAN).

Signal FM : Comment peut-on arriver à exploiter économiquement le carnaval ?

Marie Carmelle Jean-Marie : Pour l’exploiter économiquement, il faut une certaine planification. Tout d’abord, il faut redéfinir le produit carnaval, en Haïti. Il n’y a pas ce déferlement populaire dans les pays qui parviennent à vendre leur carnaval. C’est un produit standardisé. Il y a un parcours et des espaces aménagés pour bien accueillir les touristes qui désirent apprécier le défilé. Moi, j’avais participé au carnaval de Santiago, à Cuba, qui se tient toujours en juillet. J’étais logé dans un hôtel. Il y avait des touristes qui étaient venus pour le carnaval. Un bus nous transportait sur un stand, réservé par notre hôtel. Y étaient exposés tous les produits locaux cubains. J’avais payé un forfait pour participer aux festivités. Le défilé commence à l’heure, et il se termine à l’heure. Un jury est constitué pour  apprécier la performance de chaque groupe  et attribuer un prix. A la sortie de l’espace réservé au produit vendable : le carnaval, la foule attend et continue le parcours avec les groupes qui ont été retenus pour le défilé. En Haïti, on n’a pas cela. On a un magma humain, une cacophonie et des agressions à coups de bouteille. Cela n’est pas vendable.

Signal FM : Vous étiez ministre de l’économie et des finances.  Avez-vous fait des propositions aux concernés ?

Marie Carmelle Jean-Marie : Franchement, je n’ai pas eu à faire à des propositions pour vendre le carnaval. Vous ne savez pas ce que c’est qu’être ministre des finances, en Haïti. Etre ministre des finances en Haïti veut dire « préparer un budget que tu sais que tu ne vas pas pouvoir exécuter parce que tout le monde veut des milliards alors que tu sais que tu ne vas pas collecter ces milliards. Un ministre des finances est un funambule qui marche sur un fil électrique.

Signal FM : Est-ce un investissement à fonds perdu ces millions de gourdes dépensées dans l’organisation du carnaval ?

Marie Carmelle Jean-Marie : Je ne suis pas la seule personne à le dire. En dépensant des millions dans le carnaval, les membres du gouvernement s’achètent la paix pendant un certain temps. Pas de récriminations. Voilà ! C’est tout. Le carnaval est purement politique. Organiser le carnaval, c’est acheter de l’opium pour le peuple afin qu’il puisse rester tranquille  et oublier sa faim.

 

 

 

 

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