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Haiti-culture: Manno Charlemagne est mort

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Haiti-culture: Manno Charlemagne est mort

L’auteur-compositeur-interprète Joseph Emmanuel Charlemagne (Manno Charlemagne) est mort, dimanche, à Miami, à l’âge de 69 ans des suites d’un cancer.

Chacune de ses chansons est un appel à l’unité et à la responsabilité: « Se touse ponyèt nou pou n lite/ Paske lamann pa tonbe ankò/ Solèy la klere pou nou tout/ E nou tout va jwenn menm chalè ».

Son style musical est influencé par les artistes haïtiens (Dodof Legros, Lumane Casimir, Issa el Saieh (es), Raoul Guillaume, Gérard Dupervil, Pierre Blain, Joe Trouillot, Guy Durosier (es), Toto Bissainthe, Ansy Dérose) et nord-américains (Louis Armstrong, Billie Holiday) qu’il écoute à la radio, par les chansons des ruraux venus à la ville et le rara qu’il entend dans la rue, ainsi que par sa participation à la chorale de son école, tenue par les Frères de l’instruction chrétienne.

Comme de nombreux Haïtiens, il subit les exactions des tontons macoutes, miliciens au service du dictateur François Duvalier ; il connaît ainsi la prison et la torture en 1963, à l’âge de 15 ans. Côtoyant des gens de lettres et des artistes (tels que Lyonel Trouillot, Richard Brisson et Anthony Pascal, dit Konpè Filo), il se forge une culture politique en lisant des ouvrages de Maxime Gorki et d’Antonio Gramsci.

À partir de 1968, il forme Les Remarquables, un mini-djaz (“mini-jazz”, groupe de musique influencé par le rock), puis se tourne davantage vers la musique traditionnelle, avec une nouvelle formation, Les Trouvères5. Ainsi, dans les années 1970, Manno Charlemagne prend part au mouvement Kilti Libète (“Culture Liberté”) de retour à une musique populaire, acoustique, voire folk ; la tradition twoubadou (“troubadour”) de la musique des campagnes haïtiennes est remise à l’honneur.

En 1978, avec le musicien Marco Jeanty, il enregistre à Port-au-Prince un premier album, Manno et Marco, constitué de chansons angaje (“engagées”), dont la diffusion sur Radio Haïti-Inter connaît un grand succès.

Le 14 janvier 2010, deux jours après le tremblement de terre en Haïti, le chanteur participe au Tap Tap à un concert de soutien aux victimes. En juin de la même année, il se produit à Brooklyn (New York), près de vingt ans après le concert donné au début de son second exil, en 1992. En novembre, il joue au Preservation Hall de la Nouvelle-Orléans avec la violoncelliste Helen Gillet.

Manno Charlemagne se produit régulièrement aux États-Unis depuis 2010, aussi bien dans des festivals que dans des universités (par exemple, en juillet 2012 à l’université internationale de Floride et en septembre 2016 à l’université Duke de Caroline du Nord. Il se produit également en Haïti.

Fin juillet 2017, Manno Charlemagne subit l’ablation d’une tumeur cérébrale à l’hôpital Mount Sinai de Miami. Il décède dans ce même hôpital le 10 décembre suivant, des suites d’un cancer du poumon.

Discographie

1978 : Manno et Marco (Marc Records)

1982 : Konviksyon (Alternative Culturelle)

1984 : Fini les colonies !

1988 : Òganizasyon Mondyal (K.A.K.O.)

1994 : La Fimen (K.A.K.O.)

2004 : Manno at Tap Tap (Crowing Rooster Arts)

2006 : Les inédits de Manno Charlemagne (Crowing Rooster Arts/FOKAL)

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