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Haïti: le ministre de l’Education veut réformer «l’école de l’échec»

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Haïti: le ministre de l’Education veut réformer «l’école de l’échec»

Ce lundi, près de trois millions d’enfants haïtiens reprennent le chemin de l’école et, face aux difficultés économiques des familles et de l’Etat, le ministre de l’Education s’attèle à réformer le système éducatif, source d’exclusion et d’échec, rapporte le journal Libération citant l’AFP.

Nesmy Manigat n’hésite pas à dénoncer les énormes difficultés de cette nouvelle rentrée scolaire. «Aujourd’hui, 10% des enfants, soit environ 400.000, n’iront de toute façon pas à l’école», regrette le ministre. «Et sur 100 enfants qui entrent à l’école cette année, moins de 10 arriveront à la fin du secondaire sans avoir redoublé ou abandonné.»

Face à ce fort taux de déperdition, le fonctionnaire porte un jugement implacable: «c’est une école de l’échec, une école qui exclut.»

La pauvreté des familles est le premier facteur qui empêche Haïti d’aborder sereinement le début de l’année scolaire.

«La scolarité est supposée être gratuite mais, bien entendu, il y a toujours des frais afférents qui doivent être couverts par les parents.»

Des frais pour acheter uniformes, manuels et matériel scolaires que «tout le monde n’est malheureusement pas en mesure de payer», regrette Jean Ludovic Metenier, représentant adjoint de l’Unicef en Haïti.

Car le programme d’éducation universelle gratuite et obligatoire, lancé par le président Michel Martelly, ne finance que l’inscription aux écoles. Et surtout ne concernent pas les établissements privés qui accueillent encore 60% des élèves haïtiens.

– 200 élèves par classe –

Militant pour une éducation publique de qualité, Nesmy Manigat a recommandé des effectifs maximum de 60 élèves par classe au lycée.

«C’est quelque chose qu’un ministre ne devrait jamais répéter car on devrait être à 35/40 maximum pour un pays comme Haïti,» avoue le ministre. «Malheureusement dans mon pays, beaucoup de salles de classe accusent des effectifs pléthoriques de 150, 200 élèves. Sur ces 200 élèves, c’est à peine si 10% réussissent l’année scolaire. Vos enfants n’apprennent strictement rien», reconnaît-il en s’adressant aux familles pauvres qui n’ont pas d’autre choix que de scolariser leurs enfants dans le secteur public.

Et les classes surchargées ne sont pas l’unique obstacle à la bonne éducation des jeunes Haïtiens : 85% des maîtres actuellement en poste n’ont pas reçu de formation initiale au métier ou auraient besoin d’une formation additionnelle.

Une réalité connue du ministère qui peine à motiver le corps enseignant. «Compte tenu du niveau des salaires, la profession n’attire pas grand monde», admet Nesmy Manigat. «Le salaire est de 20.000 gourdes en moyenne donc 300 euros le mois, ça n’est pas énorme : ça ne peut pas permettre à un individu de vivre véritablement.»

Chaque année, cette faiblesse des salaires et le retard de leur versement par l’Etat amène les professeurs à faire grève.

«L’an dernier, les écoles publiques ont perdu l’équivalent d’un mois et demi de jours de classe,» dit le ministre qui rappelle régulièrement qu’en République dominicaine voisine la rentrée des classes a eu lieu le 17 août. «Haïti ne peut pas accuser un retard : assurer 200 jours de classe, c’est un défi mais il faut y arriver.»

Désireux d’améliorer la qualité de l’enseignement et donc la compétitivité d’Haïti, Nesmy Manigat a lancé une importante réforme des programmes scolaires, en introduisant notamment des cours d’éducation civique et d’économie.

«Quand on aime son pays, on n’a pas le choix. L’éducation de qualité n’est pas qu’un simple slogan : c’est la condition sine qua none pour que ce pays survive».

Libération

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