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L’ANMH appelle à la vigilance contre les menaces du nouveau commissaire

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L’ANMH appelle à la vigilance contre les menaces du nouveau commissaire

Dans une note en date du 22 août 2013, l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH) dénonce « l’excès de zèle anachronique » du nouveau commissaire Francisco René qui, lors de ses premières interventions, a déclaré « Teyat Radyo an fini ».

Voici la publication in extenso de la note de l’ANMH !

ASSOCIATION NATIONALE DES MÉDIAS HAÏTIENS (ANMH)

NOTE DE CONJONCTURE

« En matière de presse, il n’y a pas de milieu entre la servitude et la licence. Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître. Vouloir obtenir les uns en échappant aux autres, c’est se livrer à l’une de ces illusions dont se bercent d’ordinaire les nations malades…qui cherchent les moyens de faire coexister à la fois, sur le même sol, des opinions ennemies et des principes contraires. » Alexis de Tocqueville (De la Démocratie en Amérique II, 3).

L’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH), offre à la réflexion de la nation et surtout à celle de nos dirigeants révisionnistes cette pensée de Tocqueville qui pourrait se résumer en utilisant la sagesse d’un proverbe haïtien. « Si’w renmen piman, fô’w renmen grenn an tou. »

L’ANMH dont l’une des missions consacrées par sa charte est de défendre les espaces de la liberté d’expression, exprime une vive inquiétude par rapport à la vision erronée du nouveau Commissaire du Gouvernement, Me Francisco René, quant à un droit consacré par la Constitution du 29 mars 1987, celui pour « tout Haïtien d’exprimer librement ses opinions en toute matière par la voie qu’il choisit. » (art.28).

Avec un excès de zèle anachronique, le nouveau serviteur du gouvernement prétend faire peser sur la nation la menace de perte de conquêtes fondamentales obtenues au prix d’une longue et infatigable lutte. L’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) rappelle que le peuple haïtien dans sa grande majorité a voté en faveur d’un nouveau cadre de vie, la Constitution du 29 mars 1987 qui, même amendée dans des conditions obscures, continue de garantir aux citoyens un ensemble de droits inaliénables. Aucun fonctionnaire élu ou nommé ne saurait prétendre se substituer aux lois, aux institutions pour mettre en péril l’ensemble des garanties auxquelles le corps social est attaché et est prêt à défendre à tout moment, comme cela a été le cas en maintes occasions, ces dernières années.

Ni les citoyens qui s’expriment dans les médias exerçant en cela un droit constitutionnel, ni les journalistes et animateurs d’espaces de débat public ne doivent tomber dans le piège de l’intimidation des fantasmes du Commissaire Francisco René qui prétend se doter de pouvoirs indus, pour fermer l’espace démocratique. Tout citoyen a le droit d’utiliser son droit à la parole dans les limites consacrées par la Constitution et par les lois qui prévoient les mécanismes de recours en cas de préjudice à des tiers.

Si le peuple haïtien devait perdre son droit critique face aux dérives de nos dirigeants. Si quand ces derniers ne font rien pour mériter le respect des administrés, ceux-là ne pouvaient plus réagir par peur des représailles de serviteurs zélés du pouvoir ou d’autres instances occultes des services de sécurité dévoués à la répression et aux brimades comme on l’a connu pendant les pires moments de la dictature d’avant le 7 février 1986, Haïti aura alors perdu tous les acquis, toutes les luttes et conquêtes de vingt-sept années de jouissance des libertés publiques pour revenir sur les sentiers battus de l’État de non droit où le pouvoir ne pouvait souffrir aucune contradiction.

On n’est plus au temps de la dictature où les dirigeants avaient le statut de petit dieu. Aujourd’hui Haïti veut prétendre à des institutions fonctionnelles au sein desquelles nos représentants ont un comportement exemplaire et ne sont pas ceux-là même dont l’usage contraire du pouvoir inspire réprobation, colère et déception de la population dont le seul exutoire est l’exercice de son droit de parole pour dénoncer, déplorer, réclamer des attitudes conformes de nos dirigeants au sein de toutes nos institutions. C’est là justement que la liberté d’expression peut faire la différence pour porter à des changements d’attitude.

L’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) croit que l’usage de la liberté d’expression et la perception à tort ou à raison d’excès de langage dans les prises de parole par la population est symptomatique d’une réalité de malaise induite par des chefs atypiques qui sont les premiers à sortir des normes et de la dignité traditionnelle liée à leur statut.

L’ANMH appelle à la vigilance de chaque citoyen pour défendre jalousement son droit de s’exprimer sur la marche des choses dans son pays et s’engage auprès de la population à garantir la libre expression des uns et des autres dans le respect que nos dirigeants doivent être les premiers à faire l’effort de mériter.

Port-au-Prince, le 22 août 2013

Liliane Pierre-Paul

Présidente

ANMH

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