La nouvelle dimension

Le programme du Festival Etonnants Voyageurs

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Le programme du Festival Etonnants Voyageurs

Demain, jeudi 1er décembre, s’ouvre en Haïti le festival Etonnants Voyageurs. Pour la 4ème  fois, la manifestation littéraire s’installe à Port-au-Prince et ses alentours pour accueillir pendant 4 jours une cinquantaine d’écrivains, majoritairement haïtiens, mais aussi venus de tous les continents, à la rencontre du grand public. L’un des piliers du festival est l’auteur haïtien Dany Laferrière, membre de l’Académie française. Voice le programme du festival…

BIBLIOTHEQUE NATIONALE

10:30 AM L’ECRITURE DE LA REVOLTE
Cela aura été le combat du festival Étonnants Voyageurs : que la littérature, passées les modes du formalisme, retrouve les voies du monde. Pour dire, dans sa complexité, l’inconnu du monde qui vient. Non pas à la manière des reportages, et pas plus comme masques des idéologies – nous en savons trop les pièges – mais en retrouvant les pleines puissances d’incandescence du romanesque. Et de plus en plus de romans, enfin, tentent de prendre à bras-le-corps le réel, de donner à entendre la voix des sans-voix, des enfants des rues, des exploités, des dominés…

Lyonel TROUILLOT, Velibor ČOLIĆ, Earl LOVELACE, In-Koli Jean BOFANE

3:00 PM ATELIERS D’ECRITURE
Regarder l’écrivain « dans la réalité de sa vie d’artisan d’idées et de praticien du langage écrit » (Valéry). Peut-on aider à ce devenir ? Efficacité et nécessité des ateliers d’écriture. Lieux de passage et de pratique. L’Atelier du jeudi soir, une expérience haïtienne.

Lyonel TROUILLOT, Faubert BOLIVAR, Henry KENOL

4:15 PM D’OU VIENNENT LES TEXTES ?
« Tout texte est le produit de ses contextes » professaient nos maîtres-penseurs dans les années 60, quand triomphaient les sciences humaines. Quelles que soient les variantes (production sociale, à un bout, ou idée, à l’autre, pour les idolâtres de l’intertextualité, que tout texte est absorption d’autres textes), on y revient toujours. Mais, sans nier que cela est partiellement vrai, on peut soutenir l’inverse : qu’est texte, ce qui, au final, échappe à ses contextes. Qu’est œuvre ce qui traverse les siècles, transcende les langues et les aires culturelles. Qu’est texte ce qui demeure quand les contextes ont disparu. Débat – avec cette question subsidiaire : laquelle des deux positions porte l’idée la plus grande de l’être humain et de sa liberté ?

FRANKÉTIENNE, Michel LE BRIS, Jean ROUAUD, Lyonel TROUILLOT, Earl LOVELACE

5:45 PM “JE NE SUIS PAS EN EXIL, JE SUIS EN VOYAGE”
Rencontre avec un grand voyageur : Dany Laferrière
Il est toujours là où on ne l’attend pas, avec un art consommé du contre-pied, libre infiniment. Son élection à l’Académie française est venue comme une reconnaissance, au-delà de lui-même, de la vitalité de la littérature haïtienne, de la vigueur nouvelle des littératures francophones, reléguées il n’y a pas si longtemps au fin fond des librairies.

Salut donc à Dany Laferrière, de l’Académie française !

Dany LAFERRIÈRE

FOKAL – TONNELLE

2:30 PM L’ENCHANTEMENT DU MONDE
Nous sommes comme des enfants perdus dans les forêts obscures, acteurs dans une pièce dont nous ne connaissons ni l’auteur ni l’intrigue, et sans doute est-ce pour cela que depuis l’aube des temps nous nous racontons des histoires. Pour avoir moins peur dans le noir – ne sont-elles pas comme ces petits cailloux laissés par des petits Poucets pour tracer des chemins ? Nous enchantons le monde de nos histoires, de nos songes, de nos mythes – pour l’habiter. Et si c’était cela, le véritable réalisme ?

Dominique BATRAVILLE, Miguel DUPLAN, Kei MILLER, Gary VICTOR

3:45 PM CAFE LITTERAIRE Paule CONSTANT, Bob SHACOCHIS, Velibor ČOLIĆ
MANOIR DES LAURIERS

11:00 AM LES COLERES DE LA NATURE
Terribles sont les colères de la nature, on ne le sait que trop, ici. Le monde n’est pas un espace neutre offert à l’industrie des hommes mais une puissance à l’œuvre, tout à la fois de création et de destruction, indifférente. Les écrivains n’en finissent pas de dire ce mystère…

FRANKETIENNE, P. CONSTANT, L.-P. DALEMBERT

INSTITUT FRANÇAIS D’HAÏTI

11:00 AM L’INSURRECTION POESIE
Au commencement, il y a le souffle, le rythme – la poésie. À force de formalisme, on l’a un peu oubliée, en France. Certainement pas en Haïti ! Au commencement, il y a le poème – qui témoigne d’une capacité de création, d’une dimension de l’être humain irréductible au « consommer » et au « produire », et pour cela essentielle. Place aux poèmes : ils nous disent quelque chose qui ne peut être dit autrement.

Yvon LE MEN, Bonel AUGUSTE, James NOËL, Inéma JEUDI, Coutechève Lavoie AUPONT

2:30 PM JEUX D’OMBRE ET DE LUMIERE
Il y a littérature parce qu’il y a de l’indicible. Si tout était dicible, tout serait dit depuis longtemps et nous n’en ferions pas tant d’histoires. Mais justement : des histoires, nous ne cessons d’en raconter depuis l’aube des temps. Peut-être, nos histoires, nos légendes, nos fictions sont-elles comme des lampes d’autrefois, qui n’éclairaient jamais qu’en projetant de l’ombre. Et ce royaume des ombres, entre effroi et merveilles, nous est un trésor, qui donne chair et sens au monde, en réveille les harmoniques – à la manière des photographes qui jouent du noir et de la lumière pour révéler ce qui, du réel, nous restait jusque-là invisible.

Antoine AGOUDJIAN, Ananda DEVI, Evains WÊCHE, Makenzy ORCEL

3:45 PM CAFE LITTERAIRE
Bernard CHAMBAZ, Lieve JORIS, Hakan GÜNDAY, Eduardo ESPINA

Le programme du Vendredi 2 décembre

BIBLIOTHEQUE NATIONALE

10:30 AM EDITER EN HAÏTI

Nombreuses sont les maisons d’édition haïtiennes travaillant dans des conditions difficiles, prenant le pari de faire circuler en Haïti même et ailleurs la littérature haïtienne. Un état des lieux.

11:15 AM LA FABRIQUE DE LA RECONNAISSANCE

Valorisation et légitimation. Qui décide de ce qui mérite d’être lu et valorisé ? Comment agir dans le sens de l’appropriation du discours sur la littérature par les lecteurs et développer des instances de valorisation saluant la variété ?
Lyonel TROUILLOT, Christophe Philippe CHARLES, Jean-Euphèle MILCÉ, Patrick MAURUS, Juliette COMBES-LATOUR

3:00 PM VITALITE DES REVUES

Les grands magazines papier se portent mal, partout. Signe d’indifférence croissante d’un public hypnotisé par l’immédiateté, la « peopolisation » du monde, la toute-puissance de la marchandise ? Ou fruit d’un sentiment croissant de lassitude devant un bavardage sans plus de prise sur la nouveauté du monde ? Car les revues, elles, se multiplient, qui proposent des regards neufs… Rencontre entre créateurs de revues.
Lyonel TROUILLOT, James NOËL, Jean ROUAUD

4:15 PM ENTRE LES SAINTS DES SAINTS :
HOMMAGE A RENE PHILOCTETE

Épique et lyrique, l’œuvre poétique et romanesque de René Philoctète tient une place particulière dans la littérature haïtienne. Comme l’écrit le poète Georges Castera, « aucun paratonnerre ne peut ne peut nous en protéger. »
Évelyne TROUILLOT, Faubert BOLIVAR, Guy RÉGIS Jr, Michel SOUKAR

INSTITUT FRANÇAIS D’HAÏTI

11:00 AM COLONISATIONS

Elles ont marqué à jamais ceux qui les ont vécues, bouleversé les sociétés colonisées, mais transformé aussi l’identité des pays colonisateurs, par réfraction sur eux des cultures des pays concernés, tandis que d’autres colonisations s’esquissent aujourd’hui, plus insidieuses. Ne rien oublier est un devoir, mais dans ce face-à-face, à travers souffrances, conflits, quelque chose est né, qui peut-être nous lie…
Lieve JORIS, Paule CONSTANT, Faubert BOLIVAR, Blaise N’DJEHOYA, Évelyne TROUILLOT

2:30 PM L’ENGAGEMENT LITTERAIRE

Nous ne savons que trop les pièges de l’engagement quand la littérature se fit servante des idéologies, où se trouva contrainte de s’y plier : que reste-t-il aujourd’hui de cette littérature-là ? Reste que la littérature a puissance à dire le monde, lui donner forme, voix, visage – et qu’elle n’est peut-être jamais aussi vivante, nécessaire que lorsqu’elle entretient avec le monde ce rapport d’incandescence. Mais tout autre qu’idéologique est cet engagement-là…
Hakan GÜNDAY, Bob SHACOCHIS, Velibor ČOLIĆ, In-Koli Jean BOFANE

4:00 PM GEOGRAPHIE DU POETE

Nombre de poètes entretiennent un rapport singulier à la géographie : paysages d’élection, paysages d’enfance, paysages rêvés, proches ou lointains. Comme si chacun explorait un espace qu’il construisait à mesure. Rentre avec quatre arpenteurs de paysages.

Bonel AUGUSTE, Kei MILLER, Bernard CHAMBAZ, Yvon LE MEN, Syto CAVÉ, Marc Endy SIMON

CENTRE CULTUREL ANNE-MARIE MORISSET

6:00 PM VENDREDI LITTERAIRE, SI LA POESIE M’ETAIT COMPTEE
Magali COMEAU DENIS, Syto CAVÉ, Pierre BRISSON, Wooly Saint-Louis JEAN

FOKAL – TONNELLE

2:30 PM ECRIVAINS EN COLERE

La colère, disent les raisonnables, est mauvaise conseillère. Vraiment ? Les artistes baroques en avaient fait pourtant un espace privilégié de leur création : couleurs vives (ne dit-on pas « rouge de colère » ?) contrastes, jeux de lumière et d’ombres, lignes obliques, tumulte des éléments, dissonances, personnages en déséquilibre, monde en menace de chaos, protestation contre la création elle-même, ou Dieu… Cinq écrivains d’aujourd’hui en colère, pour des raisons diverses – mais faut-il des raisons ?
Ananda DEVI, Evains WÊCHE, Inéma JEUDI, Jacques Adler JEAN-PIERRE

3:45 PM CAFE LITTERAIRE

Louis-Philippe DALEMBERT, Earl LOVELACE,
Antoine AGOUDJIAN

Le programme de Samedi 3 décembre

BIBLIOTHEQUE NATIONALE D’HAÏTI

10:30 AM ECRIRE EN CREOLE

La littérature haïtienne de langue créole est devenue au fil des temps une zone de vitalité de la littérature haïtienne. Poésie, théâtre, et de plus en plus la fiction s’écrivent avec force et qualité en créole. Pourtant, elle n’a pas forcément la reconnaissance qu’elle mérite. Et se différencie-t-elle de la littérature en français ?

Ricardo HYPPOLITE, Anivince JEAN-BAPTISTE, Pierre-Michel CHÉRY, Jean-Robert LÉONIDAS

3:00 PM MARIE VIEUX CHAUVET : AMOUR, COLERE ET FOLIE

La réédition par Zulma – enfin ! – des trois textes fulgurants de Marie Chauvet est un événement. Le grand roman des années noires de la dictature de Duvalier, rappelle Dany Laferrière, dans sa belle préface – si violent, impitoyable, que Papa Doc, dit-on, entra dans une fureur folle, tant et si bien que le mari de Marie Chauvet racheta tout le stock à Gallimard qui l’avait édité, et le fit disparaître. Cette réédition, enfin, vient combler un grand vide ! A l’occasion du centenaire de sa naissance : beaucoup de choses ont été dites sur sa vie et son œuvre, pas toutes l’abri des clichés et de l’affabulation. Quelle lecture, aujourd’hui ?

Dany LAFERRIÈRE, Emmelie PROPHÈTE, Évelyne TROUILLOT, Marie-Alice THÉARD

4:30 PM LE MONDE MEME

Entre rires et larmes, tragédie et comédie, fantastique et réalisme, dans l’entremêlement des âmes et des corps, le heurt des destinées : le monde même, dans sa bouleversante humanité.

Jean-Robert LÉONIDAS, Miguel DUPLAN, Blaise N’DJEHOYA, In-Koli Jean BOFANE

INSTITUT FRANÇAIS D’HAÏTI

11:00 AM CHOISIT-ON QUI ON EST ?

Savons-nous seulement qui nous sommes ? Pour les forcenés de l’identité les choses sont simples – mais, curieusement, ils vous définissent par qui vous n’êtes pas (ou pas tout à fait) : par la communauté, le clan, la race, la culture. Manière, souvent de vous mettre dans la cage de vos « devoirs envers ». Mais gardons-nous là-dessus des attitudes faciles : pour les déracinés, privés de leur histoire, de leur communauté d’origine, de leur culture, le sentiment d’une perte, ou d’une absence, d’identité est vécu cruellement – terreau qu’exploitent si facilement les démagogues. Une chose au moins est sûre : si l’on ne choisit pas qui on est, ou d’où l’on vient, on peut choisir qui on devient…
Paule CONSTANT, Makenzy ORCEL, Emmelie PROPHÈTE, Ananda DEVI, J. A. JEAN-PIERRE

2:30 PM CAFE LITTERAIRE
Kei MILLER, Jean ROUAUD

3:45 PM PROJECTION : “ DE BANGUI A PORT-AU-PRINCE : LE DEFI DE LA RECONSTRUCTION ” De Rachel Magloire (AFD/2016/8’)

4:00 PM CONSTRUIRE / RECONSTRUIRE

Reconstruire, aménager, développer : cela ne peut s’envisager qu’avec les populations concernées, en tenant compte de leurs expériences, des besoins qu’ils expriment, de leur culture : parce qu’habiter le monde est aussi le peupler de son imaginaire. Et que la culture est ce par quoi le peuple haïtien se tient debout, se tient ensemble : chants, musiques, poésies, romans. En sorte qu’entre les constructeurs et les poètes il n’est pas de fossé, et doit se tisser des liens… En complicité avec l’Agence Française de Développement.
Louis-Philippe DALEMBERT, Dany LAFERRIÈRE, Michel LE BRIS, Odnell DAVID

FOKAL – AUDITORIUM

10:00 AM GRANDE GUERRE : QUAND NAISSAIENT LES LITTERATURES CARIBEENNES
L’entreprise coloniale s’abritait derrière le souci de porter la civilisation à ceux que l’on tenait peu ou prou pour « sauvages ». Mais quelle « civilisation » quand se déchirent avec une barbarie sans nom des puissances supposées « civilisées » ? Quelle civilisation quand la barbarie se révèle être blanche et européenne ? La publication de la Revue de la ligue de la jeunesse haïtienne en 1916, celle de la Nouvelle ronde en 1925, puis celle de la Revue indigène en 1927 seront autant d’étapes dans la reconquête de soi, d’un progressif arrachement aux modèles de la littérature française la plus académique : la naissance de littératures de reconquête de soi. À la guerre en Europe, lointaine, s’ajoutera en Haïti l’occupation américaine – Jean Price Mars jouera pour la « génération de la gifle » un rôle central dans l’affirmation de valeurs nouvelles, la naissance d’un mouvement indigéniste, de revendication de « retour à l’Afrique ». Langston Hughes et Claude MacKay seront traduits aux Antilles dès 1925, la revue Légitime Défense cristallisera ces revendications, en se réclamant tout à la fois de Karl Marx et du surréalisme tandis que la littérature antillaise « doudouiste » se trouvait vivement attaquée.

Michel SOUKAR, Pierre BUTEAU

11:00 AM PROJECTION : “ UN SANG D’ENCRE ”

De Blaise N’Djehoya et Jacques Goldstein (Absynthe Production, Huit Production / 1997 / 52’)

L’histoire commence à la Nouvelle Orléans, carrefour entre Amérique du Nord et Caraïbes, passe à Harlem, nourrit ce que l’on appellera la Harlem Renaissance au sortir de la Grande Guerre, se prolonge à Paris, devenu pour beaucoup d’écrivains noirs un refuge jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale, verra la naissance de Présence africaine, nourrira la fermentation intellectuelle précédant le mouvement des indépendances africaines. Une histoire exemplaire, trop peu connue. Harlem et le Quartier latin, littératures caribéennes et surréalisme, Richard Wright et Jean-Paul Sartre, Miles Davis et Juliette Gréco, Chester Himes et Marcel Duhamel. Un film indispensable !

12:00 AM HARLEM RENAISSANCE

Dans le prolongement du film de Blaise N’Djehoya, retour sur la Harlem Renaissance qui non seulement toucha tous les arts, affirma la puissance de création de la communauté noire américaine, mais irriga toute la création artistique de son temps des deux côtés de l’Atlantique.

L.-P. DALEMBERT, Blaise N’DJEHOYA, M. LE BRIS

2:00 PM PROJECTION : “ LE CRI DU SILENCE ”

D’Antoine AGOUDJIAN (30’)

“Les images du séisme en Arménie tournaient en boucle sur les écrans du monde entier. Cette tragédie faisait pour moi écho au Génocide et aux souffrances des Arméniens que m’avaient racontées mes grands-parents réfugiés en France où je suis né. Elles n’ont jamais cessé de me hanter.” Petit-fils d’immigrés, Antoine Agoudjian part en Arménie en janvier 1989, et commence à faire des photos dans le chaos. Il y retrouve des situations tragiques dont lui avaient parlé des grands-parents. La photographie s’est alors progressivement imposée à lui comme vecteur essentiel de ses émotions, des images qui retrace l’histoire que la Turquie a tenté d’effacer de la mémoire de l’Humanité.

2:30 PM D’OU VIENNENT LES IMAGES ?

Rencontre avec Antoine AGOUDJIAN

Né en 1961, il découvre la photographie à 25 ans alors qu’il travaille dans un labo photo aux États-Unis. Deux ans plus tard, au lendemain du séisme survenu en 1988 en Arménie, il se consacre entièrement à l’aide humanitaire dans son pays d’origine, durant un an. Après l’Arménie et le Caucase, il poursuit son travail photographique sur la mémoire, à Jérusalem, au Liban, en Syrie, en Turquie, en Irak, en Iran… En 2015 paraît Le Cri du silence, à l’occasion du centenaire du génocide arménien. L’œuvre d’une vie, dont l’histoire du peuple arménien constitue le fil directeur. « Il faut immortaliser la mémoire afin qu’elle n’appartienne pas qu’au passé. »

3:30 PM PROJECTION : “ L’HERITAGE DU SILENCE ”

D’Anna Benjamin Guillaume Clere (2015) 52’

Armen, Dogukan, Yasar et Nazli sont Turcs. Mais une découverte tardive a bouleversé leur existence : ils sont aussi arméniens. En 1915, leurs grands-parents ont réussi à échapper au génocide en dissimulant leur véritable identité. Certains ont été sauvés, d’autres ont été enlevés. Tous ont été assimilés dans des familles turques et kurdes, convertis à l’islam puis oubliés. Aujourd’hui, après un siècle de peur, leurs petits-enfants découvrent enfin la vérité et décident de briser le silence.

4:30 PM LES FANTOMES DE L’HISTOIRE

Guerres, génocides, colonisation, esclavage – l’histoire n’est pas avare de tragédies ou le sens même de l’humain vacille. Plus juste serait de dire qu’elle nous enseigne que rien de ce qui est inhumain ne nous est étranger. Et dès lors se met en action la machine à oubli, « pour recommencer à vivre » dit-on. Mais les fantômes demeurent, qui reviennent nous hanter. Hantent les écrivains et les artistes, gardiens de la mémoire…
Hakan GÜNDAY, Antoine AGOUDJIAN, Velibor ČOLIĆ, Syto CAVE

FOKAL – TONNELLE

10:15 AM ECRIRE POUR HABITER LE MONDE

Instant de panique quand tout à coup l’on se découvre perdu en un lieu – un bois ? – que l’on croyait connaître et voilà que le monde d’un coup nous devient hostile, étranger. Nous habitons le monde par nos souvenirs, nos fictions, notre imaginaire, les repères que nous y projetons. Et il en va de même pour ce monde qui vient, fascinant peut-être mais combien menaçant, tandis que le nôtre disparaît et avec lui nos repères : ce sont les artistes, les poètes, les romanciers, les musiciens qui nous le donnent à voir, ce nouveau monde, et ce faisant nous le rendent habitable. Écrire, c’est aussi cela : donner un visage à l’inconnu de ce qui vient.

Lieve JORIS, Bob SHACOCHIS, Bernard CHAMBAZ, Emmelie PROPHÈTE

11:30 AM CAFE LITTERAIRE
Gary VICTOR, In-Koli Jean BOFANE,
Miguel DUPLAN

3:00 PM EXIL, MIGRATIONS ET CONSTRUCTION DE SOI

Nous vivons, à l’échelle de la planète, un temps de grandes migrations. En sorte que de plus en plus de gens se trouveront, par choix ou par contrainte, devoir vivre dans une culture, parfois une langue, qui n’étaient pas celles de leur pays d’origine. Et ces situations seront d’autant plus difficiles à vivre pour les immigrés de deuxième génération, quand s’efface l’idée même d’un retour au pays perdu. Du coup, ces communautés nouvelles instables, mouvantes, auront pour se construire à élaborer les récits permettant d’articuler ces différentes strates. Comme chacun aura à inventer son propre récit pour se construire. Où l’on voit bien que la littérature, la création artistique joueront (jouent déjà) un rôle essentiel. Le roman n’est-il pas cela : l’articulation en une forme mouvante « faisant monde » de personnages, de strates différentes ?
Louis-Philippe DALEMBERT, Jean-Euphèle MILCÉ, Velibor ČOLIĆ, Manno EJÈN

4:15 PM POESIE ET POLITIQUE

Faubert BOLIVAR, Yvon LE MEN, James NOËL, Eduardo ESPINA
Si l’on s’entend sur ceci, que le poème dit quelque chose qui ne peut pas se dire autrement — car il dit quelque chose, il nous serait sinon indifférent, mais « quelque chose » d’intraduisible en énoncés positifs, sauf à s’avouer ornement inutile – alors le politique
se trouve prié de passer son chemin. Mais si l’on ajoute que le poème témoigne ce faisant d’une dimension de l’être humain irréductible au « produire » et au « consommer » alors, oui, il est par son existence même éminemment politique, école de liberté…

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