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Kont anba tonèl : de la foi à la tradition

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Kont anba tonèl : de la foi à la tradition

De la première édition lancée en 2009 comme un acte de foi à la quatrième édition qui se déroulera du 23 mars au 4 avril 2013 en grande pompe dans les espaces culturels de Port-au-Prince, le festival interculturel de conte « Kont anba tonèl » de Foudizè Théâtre peut s’enorgueillir d’avoir fait, en trois éditions, plus qu’un pas dans la bonne direction, un saut vers l’installation d’une tradition de valorisation et de sauvegarde d’un patrimoine culturel qui bascule graduellement dans l’oubli.

Les observateurs avisés se souviendront encore de ce flot de spectateurs (jeunes et adultes) qui déferlait sur la Fokal et l’Institut Français en Haïti pour jouir de ce plaisir exceptionnel que procuraient les spectacles de Mimi Barthélémy, Paula Péan, Benzo, Chelson Ermoza, Johny Zéphirin et tant d’autres.

C’est de bon augure qu’en si peu de temps, le festival ait pu déclencher cette effervescence populaire autour de cette tradition orale constamment bousculée par les assauts répétés d’une mondialisation culturelle provoquant chez des jeunes, souvent incapables de distinguer le vrai du faux, une certaine perte de repères et d’identité culturelle.

Les technologies de l’information et de la communication plongent ces jeunes en quête de modèle dans le grand rêve occidental. Le cinéma hollywoodien leur offre un monde fantasmagorique qui les éloigne progressivement de certaines réalités culturelles, de nos moeurs et de nos coutumes. Certains pans de notre patrimoine – comme le traditionnel « tire kont » qui rassemblait au clair de lune, sous des tonnelles, enfants, jeunes et adultes, sont en voie de disparition. Rares sont les jeunes d’aujourd’hui qui connaissent l’histoire de ”Bouki ak Malis”, de ”Tezen” et autres personnages folkloriques légendaires haïtiens. On se met à la mode de ”Maintery”, d’ ”Amour Océan”, de ”Marina”, de ”Diablo”, de ”Preta” et autres feuilletons étrangers télévisés. On pourrait discourir longuement sur les méfaits de la mondialisation sur les cultures locales. C’est un thème qu’il faudra aborder dans les prochaines éditions avec des spécialistes. Mais on laissera de côté ce débat pour rappeler qu’en l’espace de trois éditions, le festival a déjà accueilli deux des plus grandes voix du conte haïtien : Mimi Barthélémy et Paula Péan ; et un conteur-vedette guadeloupéen, Benzo.

Il s’agit pour la direction du festival de présenter au public ce qu’il y a de mieux dans ce domaine et diversifier sa réception. La quatrième édition, programmée dans des espaces culturels connus – Fokal, Pastorale universitaire, Enarts, Araka, TNH, hôtel Le Marcelin -, s’inscrit dans cette même logique : la qualité dans la durée. Dans cette quête permanente de la qualité, la direction du festival invite une autre voix forte du conte haïtien résidant au Canada, Joujou Turenne. Femme noire d’Amérique, née au Cap-Haïtien, Joujou Turenne est conteuse, auteure, comédienne, conférencière. « Inspirée par ses filiations africaines et caribéennes, les mille textures du Québec où elle a grandi et vit toujours, et les quatre coins du monde qu’elle traverse, Joujou Turenne, Amie du Vent, a d’abord dansé tous les rythmes que pouvait absorber son corps… ». Nomade moderne, « elle sème, sur plusieurs continents, une parole engagée qui vit et vibre au rythme de notre planète, et qui surgit en tourbillons de poésie, de contes, de rythmes, de danses, de chants, de rires, de souffles, de rêves de liberté, de sourires et d’espoir ». Le public haïtien est invité à découvrir la conteuse à la Fokal le 27 mars et dans d’autres lieux. Joujou Turenne sera accompagnée de deux conteurs étrangers, la Française Françoise Diep et le Guadeloupéen Fayo. Depuis 1990, Françoise Diep a choisi de dire en tant que professionnelle les contes qu’elle aimait lire quand elle était bibliothécaire. Aujourd’hui s’y rajoutent des contes qu’elle a collectés, ainsi que des histoires construites au fil de ses rencontres. Elle les partage avec des publics de tous âges, des petites oreilles toutes neuves aux anciennes pleines d’expérience, dans des festivals, salons du livre, salles de spectacle, structures petite enfance en France métropolitaine, en Europe (Belgique, Espagne, Suisse), en outremer (Guyane française, île de la Réunion), au Moyen Orient (Liban, Syrie), au Québec, et en Afrique de l’Ouest (Niger et Burkina Faso). Né en Guadeloupe, également guide de montagne, Fayo, conteur, comédien, est un animateur pluridisciplinaire de la culture guadeloupéenne, un metamanyòk fondalnatal (celui qui possède des bases solides) qui a été à l’école des grandes personnes, lit-on dans le guide culturelle de la Caraïbe. Chaque jour que Bondje fait, il arpente la Gwadloup armé de son tambour ka, de sa collection de 35 flûtes, de sa tête chargée de paroles et surtout de son bêton original appelé wanni-wannan. Fayo a conté et animé des ateliers en 2004 au festival Enfances du monde à Basse-Terre avec ”Lizin a kont”, association dont il est le président. Conte en kreyòl guadeloupéen et/ou français. A ces artistes de carrière se joindront les conteurs haïtiens Johny Zéphirin, Chelson Ermoza (sélectionné pour la septième édition des Jeux de la francophonie qui se tiendra à Nice en France en septembre 2013), la troupe ”Planch sou do” et le tandem Totart/Haïti Tchaka Danse qui signera une production spéciale : « Les piliers de la résistance », mélange heureux de conte et de danse. Au total, une bonne dizaine de représentations de conte avec des professionnels haïtiens et étrangers triés sur le fil. Mais « Kont anba tonèl », c’est beaucoup plus que le conte ; c’est un mélange envoûtant de genres artistiques et de tendances. Les soirées de conte seront ponctuées par des shows de tambours et de troubadour du groupe Union. L’introduction du troubadour dans le festival a été l’un dessuccès des deux dernières éditions. Les tenants du festival se sontrendu compte qu’il ne peut exister de mariage aussi heureux entre le conte et la musique. Plus que des shows de troubadour, la musique dans son acception plus large devient une constante. Le festival propose des concerts à part entière. L’année dernière, Wanito avait rassemblé une belle constellation de jeunes sur le parvis de la Fokal. Il y est annoncé cette année un croisement de tendances entre le chanteur à textes BIC et le rappeur Fantom. Presque rien à dire sur ces deux étoiles de la musique haïtienne, considérés actuellement comme les deux chefs de file de leur tendance. Il est prévu également d’autres soirées de musique en attente de confirmation, faute de moyens économiques. On rappellera que le festival donnera à voir gratuitement des représentations de contes d’artistes haïtiens et étrangers, des shows de tambours et de troubadour, des concerts de musique des vedettes haïtiennes. On n’oubliera pas cette conférence programmée dans le cadre de la Journée internationale du théâtre qui se propose d’attirer pour la nième fois l’opinion publique sur les difficultés du comédien et du conteur de vivre de son art. Sont invités à cette conférence, la metteure en scène Florence Jean-Louis Dupuy, l’ex-directrice de la Fokal, Michèle D. Pierre-Louis, et l’écrivain-critique Marc Exavier. On n’oubliera pas la causerie qu’animera Joujou Turenne pour encourager les jeunes à s’accrocher à leurs rêves, malgré les vagues, malgré la tempête. On n’oubliera pas non plus cette veillée culturelle où des conteurs improvisés, flanqués de leurs tasses de thé et de café, interviendront pêle-mêle pour transformer le modeste espace-scène du centre culturel Araka en « lakou ». On n’oubliera certainement pas l’espace enfant/tout public annoncé à la bibliothèque Monique Calixte de la Fokal qui rendra un hommage bien mérité à Deita. Voilà ce que réserve au public cette quatrième édition qui ne serait pas possible sans la FoKal, notre sponsor officiel, Le Nouvelliste, Ticket Magazine, La Télévision nationale d’Haïti, l’hôtel Le Marcelin, l’INALEJH et les éventuels sponsors.

Source : foudizetheatre.com

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